08 janeiro 2010

Les montres les plus compliquées du monde

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Leroy 01

En 1876, une montre extra-compliquée fut construit, pour M. le comte Nicolas Nostitz, de Moscou, et fut vivement admirée à l'Exposition universelle de Paris (1878). Elle comportait onze complications mécaniques dont voici l'énumération:

1° Le quantième des jours; 2° Le quantième des dates; 3° Le quantième des mois et années bissextiles; 4° Les phases et l'âge de la lune; 5° La seconde indépendante et rattrapante; 6° Le compteur d'heures; 7° Le compteur de minutes 8° La seconde foudroyante; 9° La répétition des heures, quarts et minutes; 10° Les longitudes des principales villes d'Europe et d'Asie; 11° Les longitudes des principales villes d'Europe et d'Amérique, visibles sur un cadran de rechange.

Lorsque M. le comte Nicolas Nostitz mourut, cette belle montre échut en héritage à M. le général comte Nostitz, son frère, qui la céda, en 1896, à M. A.-A. de C. M., grand amateur d'horlogerie et possesseur d'une des plus importantes collections de montres qui existent. En amateur avisé, M. A.-A. de C. M. admira beaucoup cette montre unique et la fit compléter par un décor que nous exécutâmes à Paris, d'après les documents d'Etienne Delosne, le célèbre ornemaniste de la Renaissance.

Il manquait à cette montre diverses complications réellement intéressantes, telles que la grande sonnerie en passant et l'équation du temps; la grande sonnerie qui fait parler la montre à chaque quart d'heure, l'équation qui indique à tout moment de l'année la différence entre le temps moyen et l'heure du soleil. M. A.-A. de C. M. nous témoigna donc ses regrets de posséder un objet unique, il est vrai, mais encore très incomplet et nous soumit son dessein de faire exécuter une autre montre qui réunirait réellement tout ce que la science et la mécanique pourraient réaliser à ce jour sous un volume portatif.

Nous étudiâmes attentivement son programme. Il était tellement complexe qu'il nous fallut, a priori, écarter les complications de nature à nuire à celles que nous tenions absolument à y introduire. Les éclipses, les marées, la seconde foudroyante furent rejetées comme impraticables. Au contraire, nous donnâmes toute notre attention au mouvement sidéral que devait animer un joli ciel bleu parsemé d'étoiles, placé au centre de notre montre. Il y avait là, pensions-nous, une véritable nouveauté en horlogerie - et elles sont rares! - Que n'a-t-on pas fait depuis le XVIe siècle? Nous voulûmes aussi que le côté ciel fût décoratif. Il nous sembla qu'un cercle de 24 heures, représentant la révolution diurne de la terre autour du soleil se présentant devant chaque méridien terrestre une fois par 24 heures, donnerait à notre cadran un aspect intéressant et décoratif.
Leroy 01

Enfin, le plan général fut soumis à M. A.-A. de C. M. qui l'approuva, tout en nous exprimant ses regrets de voir éliminées certaines complications importantes. L'exécution de la montre ultra-compliquée (qui reçut plus tard le numéro hors série 01) fut décidée en janvier 1897. Nous devions appliquer les complications suivantes:

1° Le quantième de jours; 2° Le quantième de dates; 3° Le quantième perpétuel des mois et années bissextiles; 4° Le millésime pour cent ans; 5° Les phases et l'âge de la lune; 6° Les saisons, soltices, équinoxes; 7° L'équation du temps; 8° Le chronographe 9° Le compteur de minutes avec remise à zéro; 10° Le compteur d'heures 11 ° Le développement de ressort; 12° La grande sonnerie en passant, petite sonnerie, silence; 13° La répétition de l'heure, des quarts et des minutes, avec rouage silencieux sur 3 timbres faisant carillon; 14° L'état du ciel dans l'hémisphère boréal, au moment du jour indiqué par le quantième (le ciel étant animé du mouvement sidéral, c'est-à-dire avançant de 3 minutes 56 secondes par jour sur le temps moyen;Un ciel et un horizon pour Paris, avec 236 étoiles; Un ciel et un horizon pour Lisbonne, avec 560 étoiles; 15° L'état du ciel dans' l'hémisphère austral (au moyen d'un mécanisme de rechange animant le ciel d'un mouvement de rotation de l'ouest à l'est); Un ciel et un horizon pour Rio de Janeiro, 611 étoiles. 16° L'heure de 125 villes du monde; 17° L'heure des levers du soleil à Lisbonne; 18° L'heure des couchers du soleil à Lisbonne; 19° Un thermomètre métallique centigrade; 20° Un hygromètre à cheveu; 21° Un baromètre; 22° Un altimètre pour 5 000 mètres; 23° Un système de raquetterie permettant de rectifier le réglage sans ouvrir la montre; 24° Une boussole; 25° Sur la boîte, les douze signes du zodiaque.

C'est en tremblant que nous acceptâmes d'exécuter un programme aussi chargé; nous entreprenions une oeuvre bien téméraire. Pour la mener à bien, il nous fallait compter sur le concours moral et pécuniaire de notre client. Que de désillusions n'allions-nous pas avoir! Que d'à-coups, que de reculs n'allions-nous pas subir en abordant chacune de ces délicates complications! Nous avions raison de ne pas douter du concours si effectif et si réconfortant de M. A.-A. de C. M.; à aucun moment il ne nous fit défaut.

Au fur et à mesure de l'achèvement du travail, nous lui soumîmes nos réflexions et nous reçûmes toujours de lui des renseignements précis, énoncés en termes si clairs que rien ne pouvait échapper à l'attention. A l'Exposition universelle de 1900, nous pûmes soumettre au Jury International des Récompenses la montre la plus compliquée qui ait jamais été faite! Elle provoqua un étonnement général, tant par son mécanisme que par l'exactitude de ses fonctions et la perfection de la main-d'oeuvre. Nous pouvons dire, sans prétention exagérée, que cette oeuvre contribua dans une large mesure à la récompense qui nous fut décernée (Grand Prix).

Cependant notre merveille n'était pas achevée; elle était complète, voilà tout. Il fallait en finir toutes les parties, en assurer toutes les fonctions et, enfin, terminer la boîte au goût de son futur propriétaire. Cette partie du travail fut longue et pénible. Nous n'avions plus à compter sur nous seuls. Il fallait servir de trait d'union entre un artiste, M. L. Manini, chargé, par M. A.-A. de C. M., du dessin primitif et un autre artiste chargé de l'exécution, à Paris; chacun d'eux ayant de l'oeuvre une intuition très différente. Le travail de ciselure dans l'or, qui couvrait le boîtier, très étendu, aux reliefs très inégaux, variant entre 0,50 mm d'épaisseur dans les creux jusqu'à 3,50 mm à l'endroit des reliefs, fut enfin exécuté dans des conditions tout à fait satisfàisantes et qui font le plus grand honneur à notre artiste ciseleur, M. Burdin.

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